Moyens de connaissance


Il y a trois moyens principaux de connaissance juste :

1. La perception sensorielle (Pratyaksa)

2. L'inférence (Anumana - la concomitance invariable)

3. L'Écriture (Agama) ou la parole d'un sage (Apta).

Les affirmations de l'Écriture, telles que " l'homme est essentiellement la Conscience Pure, immuable "…, ont deux ennemis :

1. La conviction que "cela est impossible " (Asambhavana)

2. La connaissance erronée, que l'homme est une entité matérielle (Viparita Bhavana).

Les affirmations des Écritures concernant la réalité de l'être humain, bien que justes, ne sont pas acceptées d'emblée par des gens non avisés, car selon leur connaissance erronée, bien qu'elle paraisse juste à leurs yeux, l'homme ne peut pas être la Conscience Pure. C'est l'évidence même pour eux du fait qu'ils vivent selon leur identité, basée sur la sensation psychosomatique.

La deuxième ennemie de la révélation de l'Écriture est la connaissance erronée, voire l'Illusion, des gens non avisés concernant la réalité de Soi de l'individu. Une perception illusoire apparaît comme une perception vraie. Le percevant ne doute pas de la validité de sa perception. Le percevant d'un serpent illusoire ne doute pas de la réalité de son objet de perception, avant de découvrir son substratum, la corde, l'objet vrai.

C'est la raison pour laquelle, pour être intégrale, la connaissance de l'Écriture doit être suivie d'efforts complémentaires en vue d'éliminer les obstacles précités. Ces efforts sont d'une part la réflexion juste, appelée Manana dans le Vedanta et, d'autre part, l'expérience directe de la réalité de Soi dans le silence mental, appelée Nididhyasana dans le Vedanta.
Lorsque les trois Pramana sont applicables dans un cas de connaissance, c'est la perception directe qui est prépondérante. On peut percevoir directement un feu en montant sur la colline derrière laquelle il est caché. On peut aussi inférer le même feu, en percevant seulement son indice, la fumée. On peut connaître l'existence du même feu, également par la parole d'un messager. Malgré la possibilité d'appliquer les trois Pramana, lorsque le feu est perçu directement, la perception est devenue prépondérante, car les deux autres Pramana se sont avérés superflus. Il en est de même en ce qui concerne la connaissance de Soi.

Les domaines des trois moyens de connaissance :

Nous remarquons que dans certains cas l'Écriture, exclusivement, est le moyen de connaissance. Par exemple, nous connaissons l'existence du Paradis uniquement par l'Écriture, car, il n'est pas perceptible. Il n'y a aucun indice non plus qui puisse nous faire connaître par inférence l'existence du Paradis.

Dans certains cas l'inférence est le seul moyen de connaissance. Par exemple, de l'intérieur d'une maison nous connaissons l'existence d'un nuage, uniquement par l'inférence, en entendant le bruit du tonnerre qui est son indice.

Dans certains cas, la perception directe est le moyen exclusif de connaissance. Par exemple, nous connaissons nos mains directement, par la perception, les autres moyens de perception sont superflus. Lorsque les trois moyens de connaissance sont applicables sur un seul objet de connaissance, il y en a un qui est prépondérant, celui qui répond à toutes les questions concernant la réalité à connaître.
Lorsque le feu, caché derrière la colline, est connu directement, par la perception, il ne reste aucune question à poser par le percevant, car il voit le feu sous ses yeux. De même, la Réalité Suprême de l'individu (la Conscience Pure) peut être connue par trois moyens de connaissance: l'Écriture (le Vedanta), l'inférence et l'expérience personnelle dans le silence mental.

C'est l'expérience personnelle, la connaissance directe du Soi de l'individu qui est prépondérante. Elle répond à toutes les questions et élimine toutes les idées floues et erronées concernant la Réalité Suprême de l'être humain. C'est la raison pour laquelle l'enseignement du Vedanta se situe à trois niveaux :

1. Sravana : Écouter ou lire les textes du Vedanta pour prendre conscience de l'existence de Brahman.
2. Manana : La réflexion juste pour éliminer les idées fausses concernant la Réalité Suprême.
3. Nididhyasana : La connaissance directe de la Réalité Suprême grâce à l'expérience personnelle vécue pendant la concentration mentale yogique.