La conscience et la connaissance de Soi


[Texte de Swami Shraddhananda Giri]

La Conscience

Le mot " Conscience " est traduit par la terminologie du Vedanta " Svaprakasa ". Il s'agit d'une entité dont l'existence est évidente et qui n'est pas l'objet de notre perception. Nous constatons que dans chaque individu il y a deux niveaux de conscience : l'une qui est l'objet de notre perception intérieure, la notion de 'Je' multiforme, heureux, malheureux, doute, mémoire etc. Cette conscience sous forme de la notion de 'Je', change comme un objet matériel et doit être perçue par une autre Conscience dont l'existence est évidente et qui révèle tous les aspects de la notion de 'Je'. Cette Conscience révélatrice n'est l'objet d'aucune perception intérieure et n'est pas affectée par l'aspect multiple de la conscience empirique. Elle est le substratum de cette dernière. Cette Conscience réelle est appelée " Cit " dans le Vedanta.

C'est la raison pour laquelle dans le Vedanta la Conscience est désignée par le terme "Suddhacaitanya ", à savoir la Conscience Pure, la notion de l'existence pure sans aucun aspect spécifique, par exemple : " Je suis heureux, malheureux... " Cette Conscience Pure n'étant pas une entité matérielle, représente par voie de conséquence la joie absolue, car la joie fragile est en rapport avec une conscience sous un aspect spécifique : " j'étais heureux dans le passé , à présent je suis malheureux ... ". L'idée de conscience est exprimée dans le Vedanta par le terme " Brahman " qui signifie la réalité "la plus grande" (c'est-à-dire illimitée), qui est le substratum universel de tous les phénomènes extérieurs et intérieurs, limités dans le temps et l'espace.

La Conscience, telle qu'elle est décrite dans le Vedanta, représente le Soi suprême de l'individu. Ce Soi suprême, la Conscience Pure, existe en filigrane, en tant que substratum de la conscience empirique, l'ego, la notion de " Je " qui entreprend, fait des expériences et qui subit.

La Conscience Pure est décrite dans le Vedanta aussi en tant que réalité qui demeure dans le corps " sariraka ". Par le mot " corps ", il ne s'agit pas uniquement d'un corps grossier, produit des cinq éléments, qui se construit dans le ventre d'une mère, qui en sort, qui se détériore et disparaît. Il s'agit d'un corps durable jusqu'à la destruction de l'Ignorance fondamentale de l'individu, cause de formation de ce dernier. Ce corps véritable est appelé le corps subtil " suksma sarira " dans le Vedanta. Dans ce dernier demeurent toutes les facultés, les capacités pour construire une individualité qui agit et subit.

Dans la société, le terme " conscience " est utilisé pour exprimer plusieurs idées : l'esprit, l'âme, l'ego, la notion de 'Je' ... Mais toutes les entités exprimées par un mot doivent être bien définies pour que l'individu soit conscient de l'existence de cette entité, en vue d'élucider les problèmes fondamentaux de sa vie et de retrouver sa joie véritable.

C'est la raison pour laquelle, dans le Vedanta, le terme " Aham pratyaya ", la notion de 'Je', est utilisé comme l'indice de la présence de la Conscience Pure, Brahman. La notion de 'Je' empirique est l'aspect illusoire de son substratum, l'entité réelle qui est Brahman. L'individu perçoit toujours les deux entités associées : réelle et irréelle, à l'instar d'un serpent illusoire perçu avec son substratum, la corde. La connaissance de Brahman ou de Soi n'est autre que la destruction de l'aspect illusoire du Soi de l'individu.

La connaissance de Soi

La connaissance de Soi ou de Brahman a un sens particulier dans le Vedanta. La connaissance de Soi n'épouse pas la même caractéristique que celle d'une connaissance empirique, habituelle qui se réalise par deux entités : l'une est le connaisseur et l'autre représente l'objet de la connaissance. Dans le cas de la connaissance de Soi, la dualité est impossible, car cela est incohérent, l'individu ne peut pas être à la fois le connaisseur et l'objet de connaissance.

La Connaissance de Soi représente la constatation d'un niveau de conscience dont l'existence est évidente et qui n'est pas l'objet de connaissance. Seule l'élimination des fluctuations mentales qui maintiennent l'aspect dualiste illusoire de l'individu peut mettre en évidence l'existence pure et la joie naturelle de l'individu, mais cette investigation personnelle appartient au domaine de la discipline spirituelle "yogique".

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