La conscience et les êtres vivants
D'après l'enseignement védantique tous les êtres doivent être considérés principalement en tant qu'êtres ayant comme identité réelle l'Etre universel. Ainsi, tous les êtres ont le même substratum révélateur, la Conscience pure qui, au plan de l'individualité, se "reflète" en chacun d'eux avec plus ou moins de clarté ou de limitation. La différence de perception et d'expérience qui distingue les êtres tient à la spécificité des attributs grossiers et subtils qui forment leur individualité selon leur genre, leur espèce et leur milieu de vie.
Chez les animaux, les facultés sensorielles sont particulièrement développées. Ainsi, l'homme se déplace à une certaine vitesse alors que le cheval se déplace beaucoup plus vite parce que le fait d'être un cheval implique une faculté de locomotion très développée.
En ce qui concerne les plantes, c'est l'énergie vitale qui est très développée ce qui permet par exemple à une branche d'arbre de repousser, même si elle a été arrachée, à l 'herbe de repousser même si elle a été coupée, etc. Ni l'homme, ni l'animal ne possèdent cette faculté.
Malgré les diverses limitations qu'éprouvent plus ou moins tous les êtres individualisés, leur vie est éminemment précieuse.
Potentiellement un être humain dispose des moyens de dévoiler
sa conscience et de développer son libre arbitre, sa responsabilité
personnelle, afin de se connaître, de se respecter, de respecter les
autres, de les aider aussi, et de modifier de manière bénéfique
l'orientation individuelle et sociale de sa destinée.
Le but principal de la vie d'un être humain est de mettre en oeuvre
le fonctionnement harmonieux des diverses composantes de son être -
composantes biologiques, énergétiques, expérimentales,
mentales et spirituelles - et de découvrir son identité réelle,
la plénitude du Soi.
La vie des plantes est globalement une vie d'identification aux fluctuations de l'énergie vitale. Sous l'influence des tropismes naturels le champ de conscience et d'expérience des plantes paraît extrêmement limité par rapport à ceux de l'être humain. Mais ces êtres vivants bénéficient d'un élan vital épanouissant dont la source cosmique, qui est plénitude de soi, imprègne leur corps subtil.
La vie animale est globalement une vie d'identification aux expériences
sensorielles, c'est-à-dire que le mental des animaux est très
fortement attaché aux expériences sensorielles. Les animaux
sont guidés par leurs instincts. A l'instar des végétaux,
ils sont incapables de clarifier leur conscience, de développer leur
libre arbitre, leur responsabilité personnelle. C'est en cela qu'ils
sont eux aussi, comme les plantes, "inférieurs" à
l'homme, c'est-à-dire moins conscients, plus ignorants, donc plus limités.
Toutefois les diverses expériences bénéfiques qu'ils
réalisent et la marge de liberté qu'ils connaissent sont révélateurs
des reflets très sensibles de la Conscience cosmique, de la Plénitude.
Il est vrai que l'état mental et comportemental de quelques êtres
humains est parfois très proche de celui de l'animal (instinctivité)
ou de la plante (état végétatif). On remarque aussi,
mais c'est rarissime, la présence insolite d'individus dits humains
qui ont franchi un seuil d'aberration mentale et comportementale qu'aucun
animal ni aucune plante ne peuvent franchir. Néanmoins, l'éveil
spirituel et moral ainsi que le libre arbitre subsistent en eux potentiellement
et se révèlent à l'occasion. Ces dispositions évolutives
peuvent se développer, ce qui n'est pas le cas pour un animal, ni pour
une plante.
D'un point de vue plus affiné l'association de la conscience avec un
état minéral ou un état "daivique", "asurique"
ou "divin" est aussi possible(*).
Mais seul l'être humain peut prendre conscience des divers états d'existence
auxquels la Conscience peut s'identifier.
En bref, d'après l'enseignement védantique aucun état
de vie n'est jamais, ni totalement ni définitivement, limité.
Aucune fatalité ne rend un être complètement "perdu"
ou "monstrueux" ou inutile. La finalité de la vie de chaque
être est de découvrir sa véritable identité : la
Conscience pure, la Liberté, la Joie. Du point de vue non limitatif,
celui d'une continuité de vie, tout être se situe - en fonction
de la composition particulière de son corps subtil - au plan d'incarnation
qui lui correspond selon les lois complexes de la causalité cosmique.
L'évolution progressive qui conduit jusqu'au dévoilement total
de la Conscience n'est jamais totalement impossible. Mais seul l'état
humain permet à ceux qui en prennent la responsabilité de se
libérer de l'Ignorance.
La connaissance du Soi, qui est Conscience pure, fait disparaître l'emprise
des tropismes naturels, l'attachement aux expériences sensorielles
insatisfaisantes, la soumission aux croyances limitatives et illusoires.
(*) Dans la tradition védantique les adjectifs
"daivique" et "asurique" se rapportent à une "réalité"
mentale auquel la conscience peut être identifiée. Dans ce monde
subtil évoluent les "devas", bienveillants et paisibles,
et les "asuras", jaloux et violents. Dans ce monde-là, qui
ne doit pas être confondu avec celui du rêve - même s'il
comporte avec lui des similitudes, - les expériences de la vie sont
faites intégralement avec le corps subtil. Dans le contexte de la tradition
chrétienne on parle aussi d'un monde "céleste", intermédiaire
entre le plan divin et le plan humain. Dans cet espace spirituel vivent et
s'affrontent les "anges de lumière" et les "anges déchus".
Bien entendu ce ne sont pas des individus dans le sens où ce mot est
employé d'habitude, mais des états subtils de conscience et
d'expérience.
Quant au mot "divin", il indique la conscience cosmique à
laquelle la conscience individualisée peut s'identifier. Il se rapporte
à l'Etre suprême, au Révélateur cosmique, au Témoin
universel (que l'on peut mettre en analogie, par exemple, avec l'Etre divin,
le Dieu unique de la tradition chrétienne).